Kuessipan de Naomi Fontaine

Kuessipan est le premier roman de Naomi Fontaine. Le livre est petit, les phrases; denses et lentes à la fois. Il y a quelques choses comme une sérénité et une tristesse qui guident et accompagnent la succession des mots.

Je l’ai dévoré en une heure et demie, peut-être moins. C’est court, mais ça dure, comme la braise au cœur des cendres.

La lecture est une chose, la digestion en est une autre. La parole comme le silence sont communication, l’histoire est à la fois la révélation et la dissimulation d’une réalité; d’une vision du monde.

Une réflexion sur soi et le monde, sur la responsabilité de dire et de taire: une recherche d’un équilibre qui semble inatteignable.

J’aurais aimé que les choses soient plus faciles à dire, à conter, à mettre en page, sans rien espérer, juste être comprise. Mais qui veut lire des mots comme drogue, inceste, alcool, solitude, suicide, chèque en bois, viol? J’ai mal et je n’ai encore rien dit. […] (9)

Plus tard, sur la maternité :

Quand il viendra, elle n’aura pas encore le droit de conduire, juste le devoir de s’instruire. Elle rougira de honte lorsqu’on lui demandera comment s’appelle son petit frère. Elle sera seule jusqu’à minuit les soirs de fête, dans une maison peu spacieuse pour ses rêve de princesse. Elle aura vingt ans quand il fêtera son cinquième anniversaire.

Quand elle aura le double de son âge, elle aura l’impression qu’il la rattrape. Jeune et belle. Trente ans ce n’est rien. […] Il criera qu’il est un accident et il aura mille fois raison.

Mais il aura ses yeux à elle. De la douceur dans ses gazouillements. De la splendeur dans ses maladresses. L’envie de vivre dans ses tétées. Quand il viendra au monde. (84)

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